Geneviève Nguyenn a participé à deux publications récentes sur la recomposition du conseil agricole en France et d’autres pays européens, issues des travaux du projet européen H2020 Agrilink (www.agrilink2020.eu).
La première, écrite avec Labarthe P., Sutherland L-A., Laurent C., Nguyen G., Tisenkopfs T., Triboulet P. Bechtet N., Bulten E., Elzen B. et alii. (2022) dont le titre est « Qui les services de conseil laissent-ils de côté ? Une réflexion critique sur les agriculteurs ‘difficiles d’accès’ » a été publié dans Eurochoices, vol. 21, n° 1, p. 50-55. L'article complet en anglais est en accès libre à cette adresse :
https://doi.org/10.1111/1746-692X.12347
Résumé :
Bien que la Politique agricole commune de l’Union européenne ait élargi ses objectifs pour intégrer les questions sociales, plusieurs groupes d’agriculteurs et de travailleurs continuent d’être ignorés par les services de conseil et les politiques associées. Établir un lien avec ces groupes difficiles d’accès pourrait permettre
d’accroître la cohésion économique et sociale des agricultures européennes. Nous avons interrogé plus de 1,000 agriculteurs à travers l’Europe et identifié les caractéristiques de groupes qui sont souvent ignorés par les services de conseil. Nous avons examiné de manière critique les cohortes sociales concernées et réfléchi à la manière de mieux les accompagner. Elles comprennent les ouvriers agricoles, les nouveaux entrants ou ‘changeurs de carrière’, et les adoptants ultérieurs. Nous clarifions aussi les différents types d’organisations dans le paysage du conseil, en distinguant ceux qui sont liés aux ventes d’intrants ou de technologies de ceux qui en sont indépendants. Nous formulons des recommandations concrètes sur la manière de faire intervenir des conseillers auprès de groupes difficiles d’accès, avec des approches adaptées aux différents contextes nationaux des systèmes de connaissances et d’innovation agricoles (AKIS). Ces recommandations pourraient ainsi contribuer à la dimension AKIS des Plans Stratégiques Nationaux de la prochaine Politique agricole commune (2023–2027). Nous plaidons pour une intégration plus forte des avancées des sciences sociales permettant une meilleure compréhension du conseil en tant qu’interaction sociale, afin de renforcer le caractère inclusif des politiques publiques de conseil.
La seconde, co-écrite avec Laurent C. s'intitule « Innovation dans l’organisation du travail et conditionnalités sociales : implications pour les services de conseil agricole ». Publiée également dans Eurochoices, l'article complet en anglais est en accès libre à cette adresse :
https://doi.org/10.1111/1746-692X.12350
Résumé :
L'évolution des conditions de travail des salariés dans les exploitations agricoles européennes inquiète de plus en plus. Dans la nouvelle politique agricole commune (PAC), les aides financières aux agriculteurs seront bientôt soumises à une clause de conditionnalité sociale. Dans cet article nous nous demandons si on peut déjà prévoir des besoins de conseils spécifiques pour accompagner ce changement de réglementation de la PAC. Des recherches récentes portant sur les nouvelles formes d'organisations du travail dans les exploitations peuvent aider à répondre à cette question. Ces recherches ont été menées sur l'ensemble de la France, associant des études qualitatives de terrain à une analyse de données statistiques et administratives. Les résultats montrent une complexité croissante de l'organisation du travail agricole qui engendre des besoins nouveaux de conseil. En particulier, une proportion croissante des personnes travaillant dans les exploitations agricoles est employée par une autre organisation (prestataires de services étrangers et nationaux, groupements d'employeurs, etc.). Les données administratives fournissent des preuves solides de l'ampleur de cette tendance qui est peu visible
dans les données des recensements agricoles. Il faut donc se méfier des représentations trop simplifiées des modèles de main-d'œuvre au niveau de l'exploitation. Ils peuvent fausser la conception, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques en occultant une partie de la population de travailleurs et des nouveaux besoins de conseils, y compris ceux qui seront nécessaires pour répondre aux exigences de la conditionnalité sociale.