Dans le cadre du colloque de la SFER sur le financement des filières agricoles et agroalimentaire, Geneviève Nguyen et François Purseigle ont présenté leurs travaux relatifs au marché de la sous-traitance.
Ils ont notamment abordé les stratégies de financement ou de non-financement qui participent à la transformation des structures d'exploitation et à l'essor du marché de la sous-traitance.
Résumé de l'intervention :
Activité longtemps invisible, la sous-traitance des activités productives agricoles a pourtant
connu, en France tout comme en Europe, une progression sans précédent sur ces vingt dernières
années. Selon les données des recensements agricoles, la sous-traitance agricole concerne aujourd’hui
7 agriculteurs sur 10, et le nombre d’exploitations ayant eu recours de manière notable à la prestation
de services a plus que doublé entre 2000 et 2016 (Forget et al., 2019). A côté des pratiques
traditionnelles, comme la délégation à un tiers des travaux de récolte et d’ensilage, de nouvelles
pratiques ont émergé. Celles-ci peuvent concerner la sous-traitance d’opérations considérées
comme consubstantielles du métier telles : le semis, la délégation intégrale de toute la gestion technique ou
encore l’ensemble de la gestion économique et administrative de l’exploitation. A l’instar du secteur
industriel, ces nouvelles pratiques témoignent du passage d’une sous-traitance de capacité
généralement pratiquée par des exploitations de petite taille à une sous-traitance plus stratégique
pratiquée par des exploitations de taille moyenne à grande. Les motivations sont diverses : recherche
des ressources spécifiques, recentrage sur des activités cœur de métier, report d’un investissement
dans une logique de gestion des risques, ou encore gestion et préservation d’un patrimoine suite à un
départ à la retraite sans repreneur (Nguyen et al., 2016). Sur la même période, les données du Registre
Infogreffe du commerce et des industries montre une progression significative du nombre de créations
des entreprises de travaux agricoles(ETA). Mais celle du nombre de salariés de ces mêmes entreprises
est particulièrement remarquable avec une augmentation de 73% pour atteindre aujourd’hui 90.000
salariés pour 48.000 heures de travail. A ce jour, face à un marché pesant 5 milliards d’Euros, l’offre
de prestation de services se structure principalement autour d’ETA et d’agriculteurs faisant de la
prestation de services une activité de diversification, soit en nom propre, soit par l’intermédiaire d’une
société dédiée. Elle se développe également de manière plus confidentielle autour d’acteurs
traditionnels qui s’adaptent et font évoluer leur offre de service comme les Coopératives d’utilisation
de matériel agricole (CUMA) avec l’offre de chantiers complets ou encore des coopératives de stockage
et d’approvisionnement. Enfin, elle constitue également un marché pour des acteurs nouveaux
français ou étranger qui proposent une large gamme de produits d’assistance à maitrise d’ouvrage ou
de gestion de patrimoine (Nguyen et al., 2020).